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Midi libre: Pour la soprano héraultaise Elza van den Heever, les lieder sont toujours des “Passions”

Midi libre

Le récent concert au Corum est diffusé sur le site de l’OONMO à compter de ce jeudi 10 décembre.

L’Orchestre national de Montpellier, dirigé par Karen Kamensek, a enregistré, sans public, le concert “Passions”, fin novembre, avec une invitée de marque, la soprano Elza van den Heever. Elle venait d’interpréter les “Quatre derniers lieder” de Strauss avec la Philharmonie de Paris et a repris le cycle auquel Wagner a donné le nom de son inspiratrice Mathilde Wesendonck.

Un souvenir personnel pour celle qui les a chantés pour la première fois en 2010 à San Francisco : “Je commençais à envisager le fait que j’allais devenir “soprano dramatique”. Les chanter alors était en fait aussi bouleversant que les chanter maintenant, car la première fois que je les ai entendus en “live”, c’était toujours à San Francisco, par l’inoubliable Jessye Norman. Quant aux lieder de Strauss, après neuf mois de silence, ils ont résonné particulièrement dans mon cœur, car c’est un chant du cygne.”

Elza van den Heever, née en Afrique du Sud, a découvert sa voix en chantant dans des chœurs d’église à Johannesburg. Elle est partie aux États-Unis, et son brillant parcours – “un chemin très progressif”, selon elle – l’a conduite vers Mozart, Haendel, Bellini, Verdi, Britten… et Strauss, devenu son répertoire de prédilection : elle a été Chrysothémis d’”Elektra” et l’impératrice de “La Femme sans ombre”, son dernier rôle en février.

Triomphes puis silences

2019 et 2020 ont été pour elle “le meilleur et le pire”. La soprano a fait un triomphe dans trois prises de rôle successives, à Vienne dans “La Vestale”, au Met dans “Wozzeck”, et à Paris, Dortmund, Rotterdam dans cet ultime Strauss, avant l’arrivée du Covid. “Notre vie à tous s’est arrêtée, dit-elle. Une année de silence et d’annulations.” Amsterdam, Carnegie hall, Munich, Zurich, San Francisco, Washington…

Mais elle vient de retrouver deux grandes amies chefs d’orchestre et a découvert le Corum : “Retrouver le son de l’orchestre, à Paris et à Montpellier, a été une émotion qui m’a bouleversée. C’est une expérience que je n’oublierai pas.” Elle garde ses attaches avec l’Afrique du Sud, mais sa famille française habite Saint-Jean-de-Védas. La soprano vedette doit partir cette année à Amsterdam et à Francfort et espère reprendre vite le chemin des théâtres et des concerts : “Après ce temps bien noir, il me semble que nous voyons un peu la lumière.”